Du syndicalisme, pas du dogmatisme

Entretien avec Roland Barbalarga, militant aux EPI

Roland, pourquoi faut-il voter OUI à la LCPEG ? Il y a beaucoup de raisons de voter OUI. Mais si l’on veut les résumer, alors c’est parce que compte tenu du contexte, la LCPEG est la meilleure solution possible.

Et pourtant tu étais dans la rue à l’appel du SIT le 13 septembre dernier, pour manifester contre cette loi. Oui, parce que la loi n’était pas encore adoptée par le Grand Conseil, et qu’il étant encore temps d’essayer de peser sur l’issue du vote.

Pour qu’elle soit refusée ? Non, pour essayer de corriger les dégradations apportées au projet initial par la Commission des finances, et pour éviter encore d’autres dégradations.

Au final, la loi a été adoptée avec les éléments de dégradation que tu évoques. Pourquoi alors la soutenir aujourd’hui ? N’est-ce pas incohérent ? Pas du tout. L’action syndicale implique d’évaluer à chaque étape les conséquences de nos actes et de nos positions. Nous avons tenté le maximum jusqu’à l’adoption de la loi, fait tout ce qui était possible pour obtenir la meilleure loi possible. Mais une fois votée, il était alors devenu suicidaire de lancer le référendum. Combattre la loi parce qu’elle ne nous convient pas sans tenir compte du contexte est stupide. Je fais du syndicalisme, pas du dogmatisme.

Syndicalisme ou dogmatisme ? Explique-toi. Nous ne sommes pas dans un débat théorique, sur la planète mars ! Le débat sur la loi n’a de sens que si on le place dans le contexte et dans les perspectives à court terme pour les salarié-e-s. Cela ne m’importe que très marginalement de savoir si c’est un pas en avant ou un pas un arrière sur le plan des idées. Ce qui m’importe, c’est la question de savoir quel est l’intérêt concret des salarié-e-s : que gagnons-nous ou que perdons-nous en acceptant ou en refusant la loi ? Or, compte-tenu du contexte politique, dominé par la droite qui veut en découdre avec les fonctionnaires, des échéances imposées par le droit fédéral, de ce qui s’est passé pour les autres collectivités publiques où la facture pour les salarié-e-s a été bien plus lourde, et de ce que préserve la LCPEG, alors il faut prendre nos responsabilités, dans notre intérêt de salarié-e-s.

C’est-à-dire ? Ne pas nous exposer à tout perdre au nom d’une posture dogmatique. Nous pouvons accepter une loi qui dégrade les conditions actuelles si le contexte n’offre pas de meilleure alternative pour les salarié-e-s, ou pire encore, si son rejet risque d’avoir des conséquences plus graves encore pour les salarié-e-s, comme c’est le cas ici. Prends l’exemple d’une usine qui ferme : s’il n’existe aucune possibilité de la maintenir en activité malgré la mobilisation syndicale pour maintenir l’emploi, alors il est de la responsabilité syndicale de négocier un plan social pour ne pas laisser tomber les travailleurs-euses.