Discours du SIT, proclamé par Thierry Horner,
Secrétaire général adjoint.
Ouvrons Les frontières
Protégeons les migrants-e-s
Le monde est confronté à une des catastrophes humanitaires les plus effroyables depuis la dernière guerre mondiale.
Par centaines de milliers, depuis des années, des hommes, des femmes et des enfants fuient leurs pays ravagés par la misère et la guerre. Victimes de régimes totalitaires ou de mouvements fondamentalistes- soutenus par des puissances occidentales complices et un système capitaliste inhumain-, ils-elles meurent par milliers en tentant de rejoindre l’Europe dans des embarcations de fortune ou par des routes meurtrières.
Face à cet exode macabre, l’Europe et la Suisse se sont lâchement voilé la face.
Sous la pression de partis populistes, xénophobes et racistes et des milieux financiers, elles ont multiplié les durcissements de leurs politiques migratoires et en matière de droit d’asile.
Nous déplorons l’absence de solidarité de la communauté européenne avec les pays les plus durement touchés par l’accueil des migrant-e-s, - comme l’Italie et ses naufragé-e-s de Lampedusa- , le cynisme de la Suisse,- supprimant la possibilité aux réfugié-e-s de déposer leur demande d’asile via ses ambassades à l’étranger-, la construction de véritables murs de la honte comme en Hongrie, sans parler de ces camps de réfugié-e-s innommables où survivent des milliers de migrant-e-s dans des zones de non-droit et d’extrême précarité. Comme à Calais, en France où a vu le jour la déclaration des droits humains...
Depuis quelques semaines cependant un vent nouveau semble souffler contre les idéologies nauséabondes propagées par les partis d’extrême droite et leurs allié-e-s. En Suisse romande, des réfugié-e-s ont courageusement pris la parole pour dénoncer leurs conditions de vie et s’opposer à leur renvoi avec le soutien de collectifs engagés et déterminés, alors que gagnés par l’émotion suscitée par des images insupportables, des milliers de manifestant-e-s se sont mobilisés en Allemagne, en Autriche et dans toute l’Europe pour dénoncer les politiques migratoires et accueillir dignement les migrants.
Sur le plan politique, suivant le changement de son opinion publique, l’Allemagne a récemment donné un signal fort à la communauté européenne et internationale, en décidant d’accueillir plusieurs dizaines de milliers de réfugié-e-s sur son sol.
Et notre belle Helvétie, quel rôle joue-t-elle dans cette nouvelle page sombre de l’histoire ?
Dépositaire des conventions de Genève de 1949 et pays hôte du comité internationale de la Croix-Rouge, toujours prête à mettre en avant sa pseudo-tradition humanitaire, elle « pinaille », elle « ergote », égale à elle-même en fait.
Prise en otage par l’UDC et ses campagnes électorales haineuses et mensongères, elle ne montre aucun courage politique.
Alors que le Conseil fédéral avait en mars dernier décidé d’accueillir 3000 réfugié-e-s syriens-ennes sur 3 ans, seul-e-s 76 d’entre eux-elles ont pu rejoindre notre pays à ce jour.
Cette situation est inacceptable et scandaleuse et constitue une véritable non-assistance à personne en danger.
Nous exigeons du Conseil fédéral qu’il prenne enfin des décisions courageuses à la hauteur des enjeux humanitaires capitaux auxquels nous sommes toutes et tous confrontés. La Suisse doit montrer une solidarité sans faille avec les migrant-e-s tout d’abord et les pays qui l’entourent en accueillant immédiatement un nombre de réfugié-e-s conséquent à la hauteur de sa puissance économique en faisant fi des obstacles bureaucratiques alibis !
Nous rappelons que la Suisse, dans les années 90, avait été capable d’accorder sa protection à près de 50 000 réfugié-e-s victimes de la guerre des Balkans et qu’aujourd’hui, elle a parfaitement les capacités de mener à nouveau une telle action. Alors STOP au cynisme ! Le temps est venu au courage politique et aux actes !
Pour le SIT il est toutefois hors de question que cet accueil, qui doit être massif, soit limité dans le temps comme certain-e-s le préconisent.
Les migrant-e-s qui se sont lancé-e-s sur les routes de l’exode avec leur famille, composée souvent de très jeunes enfants, au péril de leur vie ont tout perdu et ne pourront évidemment jamais retourner dans leur pays. Le Conseil fédéral doit impérativement leur accorder un statut de résidence stable et durable. Il doit prendre des mesures visant à leur donner libre accès au marché de l’emploi et à la formation professionnelle afin de faciliter leur installation définitive et éviter ainsi de les maintenir dans de nouvelles formes de précarité.
Pour ce faire, nous exigeons du Conseil fédéral qu’il procède à une refonte en profondeur des politiques migratoires de ce pays afin de les adapter aux réalités géopolitiques d’aujourd’hui en remettant l’Humain avec un grand H au coeur du sujet.
Ainsi, il doit réintroduire immédiatement le droit de déposer une demande d’asile dans les ambassades afin de protéger les populations menacées sur place et leur éviter un dangereux périple à la merci de passeurs sans scrupules et en finir avec les nombreux statuts précaires tels que les admissions provisoires qui maintiennent dans le floue et la précarité des milliers de migrants en Suisse, souvent pendant des années.
Il doit renoncer aux détentions administratives inhumaines et aux renvois, notamment dans le cadre de l’accord de Dublin.
De même, il doit impérativement mettre en place une procédure visant à régulariser l’ensemble des travailleurs et travailleuses sans papiers reconnaissant enfin leur existence dans notre pays et le rôle essentiel qu’ils-elles jouent sur le plan économique et social.
Le Conseil fédéral doit enfin de toute urgence mener une campagne permanente agressive face aux tenants de discours xénophobes, racistes et haineux qui gangrènent cette période préélectorale et qui ont conduit récemment le peuple suisse à accepter l’initiative honteuse et mensongère de l’UDC contre les migrant-e-s.
Pour le SIT, la libre circulation des personnes est un droit fondamental et inaliénable. Il n’est pas admissible qu’au XXIème siècle des êtres humains puissent mourir sur le chemin de l’exil, quel que soit les motifs de ce dernier, ou se faire exploiter à leur arrivée par ceux-là même qui sont à la base de leur stigmatisation !
Ouvrons les frontières ! Protégeons les migrant-e-s ! Même droits pour toutes et tous !
Le discours prononcé fait foi.