La lutte pour l’égalité salariale entre femmes et hommes est un enjeu central de la grève des femmes et féministe du 14 juin 2018.
Salaires
Voilà 37 ans que le principe de l’égalité salariale entre femmes et
hommes est inscrit dans la Constitution suisse, et 22 ans que la Loi sur
l’Egalité (LEg) censée combattre les discriminations est entrée en vigueur.
Et pourtant, à travail de valeur égale, les femmes gagnent toujours 18 % de
moins que les hommes en moyenne.
Qu’elles soient directes ou indirectes, la lutte contre les discriminations salariales
à l’égard des travailleuses peut et doit passer par différents moyens :
contrôle obligatoire de l’égalité salariale dans les entreprises et sanctions contre celles qui pratiquent la discrimination, revalorisations salariales des métiers majoritairement occupés par des femmes, et instauration d’un salaire minimum légal.
LES INSUFFISANCES DE LA LEG
L’inefficacité de la LEg pour mettre véritablement fin aux discriminations
salariales réside dans le fait qu’il appartient à la travailleuse victime de
discrimination d’intenter une action judiciaire contre son employeur pour
faire valoir ses droits. La lourdeur de la procédure et son issue incertaine constitue déjà un obstacle majeur pour beaucoup d’entre elles. Mais plus
encore, intenter un procès contre son employeur, c’est pratiquement l’assurance
de perdre son travail : conflit, perte de confiance, risque de représailles
diverses dont le licenciement, dans un pays où la protection contre
ce dernier est quasi nulle. Dans ce contexte, il n’est guère étonnant que
peu de travailleuses entament cette procédure, d’où la persistance des discriminations salariales malgré l’existence d’une loi qui les interdit.
CONTRÔLES ET SANCTIONS
La vérification de l’égalité salariale dans l’entreprise sur base volontaire
de l’employeur est bien sûr possible, mais plusieurs années d’expérimentation
de cette voie ont démontré son inefficacité : seule une infime minorité
d’entreprises ont fait la démarche. La seule solution pour faire appliquer la
LEg est donc l’inscription dans la loi de contrôles par les autorités publiques
et de sanctions contre les employeurs qui ne respectent pas le principe d’égalité
salariale entre femmes et hommes dans leur entreprise.
La droite bourgeoise et largement masculine du Parlement fédéral
refuse toutefois de se rendre à cette évidence, usant de toute la mauvaise
foi et l’arrogance dont elle est capable pour vider de tout contenu
la déjà très timide proposition du Conseil fédéral d’obliger les plus
grandes entreprises à se soumettre à des contrôles périodiques de l’égalité.
REVALORISATIONS ET SALAIRE MINIMUM
La persistance des inégalités résulte également de discriminations indirectes
à l’égard des travailleuses. A l’échelle d’une entreprise, d’un secteur économique ou de l’ensemble du marché du travail, il est frappant de constater que les métiers et professions majoritairement exercés par des femmes sont généralement moins bien rémunérés que ceux majoritairement exercés par des
hommes. Et ceci sans aucun lien avec le niveau de formation, les responsabilités ou les efforts requis.
La lutte contre les discriminations doit donc également passer par la revalorisation des salaires dans de nombreux secteurs, dans l’hôtellerie-restauration, la vente, les soins et services à la personne,
ou encore le nettoyage. Et parce que deux tiers des travailleurs-euses gagnant
moins de 4 000 frs par mois à Genève sont des femmes, elle doit
également passer par l’instauration d’un salaire minimum légal, comme
le propose l’initiative déposée par les syndicats.
Valérie Buchs