Début décembre 2019, un article de la Tribune de Genève a présenté les témoignages de
plusieurs femmes dénonçant des comportements relevant du harcèlement sexuel de la
part d’un secrétaire syndical. Plusieurs syndicats, en particulier le SIT, la direction
nationale du SSP et la CGAS, ont clairement condamné les comportements incriminés et
rappelé que le harcèlement, notamment sexuel, n’était pas toléré dans leurs
organisations. Cependant, nous devons constater des divergences au sein même des
instances de certains syndicats, avec pour conséquence que les femmes qui ont osé
dénoncer ces agissements ne sont non seulement pas soutenues, mais pas même
entendues.
Ainsi, les femmes qui ont osé parler sont accusées de l’avoir fait par voie de presse.
Soulignons qu’aucun média n’a divulgué l’identité ni des femmes en question, ni, bien
évidemment, du secrétaire syndical mis en cause. Le contraire eût été scandaleux. Leur
reprocher cette démarche, c’est oublier le dénigrement dont elles ont déjà été victimes et
la difficulté à oser porter publiquement des plaintes pour harcèlement.
Ainsi, le secrétaire syndical serait victime d’un lynchage médiatique. Là aussi, c’est un
mauvais procès qui est fait aux femmes concernées. Ce qui devrait nous scandaliser, ce
n’est pas tant que la presse se soit emparée du sujet, mais plutôt que des
comportements qui duraient depuis des années, et dont on entend dire que « tout le
monde était au courant », n’aient pas été abordés de front par les instances syndicales
AVANT que les femmes ne voient pas d’autre issue pour se faire entendre que de
s’adresser aux médias ! Et force est de constater que c’est bien grâce à l’écho
médiatique donné à cette affaire qu’une enquête a finalement été ouverte pour établir les
faits. En définitive, la démarche des femmes concernées n’a été qu’une tentative de
briser le silence et l’indifférence qui entouraient cette situation depuis trop longtemps,
comme c’est généralement le cas dans ce type de scandales.
Ainsi, les femmes seraient des instruments affaiblissant la lutte contre le patronat et
briseraient l’unité nécessaire à une telle lutte. Il est évident que les divisions profitent à
l’adversaire. Faut-il pour autant refuser de voir le sexisme et les rapports de domination
entre hommes et femmes ? Pire, faut-il nier et finalement tolérer l’existence de
comportements abusifs ou violents au sein des organisations syndicales et partis
politiques ? Près d’un demi-siècle après l’émergence du féminisme, il est navrant de voir
que ce qui nous « divise » est de ne pas avoir compris que c’est le manque de solidarité
avec les plus opprimé-e-s, le manque de courage de prendre parti en faveur des
personnes qui se disent atteintes dans leur personnalité et leur dignité. Aborder de front
et condamner les positions et attitudes discriminatoires, les abus de pouvoir, toutes les
formes de harcèlement, au sein même de nos organisations est la condition de notre
crédibilité lorsque nous affirmons combattre toutes les inégalités et les discriminations.
C’est pour ces raisons que les soussigné-e-s ont décidé de créer un comité pour soutenir
concrètement et financièrement les femmes qui ont osé parler, pour qu’elles soient
entendues et puissent défendre leurs droits.
Nous appelons tout-e-s les militant-e-s des
organisations syndicales, politiques et féministes qui adhèrent à la lutte contre TOUTES
les inégalités et les discriminations à nous rejoindre dans ce soutien.
Pour nous contacter et/ou signer cet appel : info@soutien-harcelement.ch
Téléchargez ici l’appel au soutien avec la liste des premiers/ premières signataires.