Face au refus catégorique de négocier un plan social pour les employé-e-s licencié-e-s du Richemond, le personnel réuni en Assemblée générale ce jour adresse une lettre ouverte au propriétaire multimilliardaire, Monsieur Ananda Krishnan, afin de négocier directement avec lui. La lettre est disponible ici.
« Y’a pire dans la vie » ? Le personnel à la recherche du véritable interlocuteur
Le 13 juillet dernier, lors de la tentative de médiation par Monsieur le Conseiller d’Etat Mauro Poggia entre la représentation des employé-e-s et l’employeur, la Direction disait « dormir sur ses deux oreilles », car le maximum était fait, à savoir : respecter le strict minimum légal. Dormir sur ses deux oreilles, après une annonce de fermeture à durée indéterminée et des licenciements sans plan collectif, cela démontre, encore une fois, le mépris exprimé vis à vis des employé-e-s de l’hôtel. Pour rappel, l’annonce s’est faite en 3 minutes 25, et a été conclue par la phrase suivante, prononcée par le Président Monsieur Favre : « La vie continue… Il y a pire dans la vie ».
Face à cela, dans la lettre ouverte, le personnel demande à discuter directement avec le propriétaire : « Est-ce que le Richemond va réellement devenir synonyme de précarité, d’absence de responsabilité sociale des entreprises ? Nous pensons que nous pourrions vous convaincre du contraire. Nous vous connaissons à l’écoute de votre personnel. Ce personnel qui vous permet, jour après jour, de construire votre succès économique, votre prospérité personnelle. »
Plan social : le prix d’un café
Le personnel veut faire comprendre au propriétaire l’impact que ce licenciement collectif va avoir sur elles et eux. En effet, le personnel reste sur le carreau en pleine crise économique : baisse de revenu allant jusqu’à 43% pour les résident-e-s en France, difficulté de trouver du travail dans un secteur en crise surtout pour les collègues plus âgé-e-s, et infimes opportunités de reconversion professionnelle vu la Loi sur l’assurance-chômage et les coût des formations. Avec le syndicat SIT, le personnel demandait l’ouverture d’une négociation sur les éléments suivants : prime de départ ou engagement de réembauche, plan retraite pour les + de 57 ans, fonds de formation pour les autres. Dans leur lettre ouverte, le personnel rappelle que cette proposition constituait une « première base de discussion pour un plan social évalué à 0,09% de votre fortune telle qu’estimée par Forbes. L’équivalent d’un café, pour chacun-e d’entre nous. Et pourtant, aucune négociation n’est possible. N’aurons-nous même pas le verre d’eau ? »
Pas d’obligation légale, mais une responsabilité éthique
L’avenir des employé-e-s du Richemond va préfigurer la situation des autres travailleurs-euses du secteur touristique du canton. Avec un salaire minimum à CHF 3’470.- dans l’hôtellerie-restauration, ce n’est pas à ces employé-e-s les moins reconnu-e-s de payer le prix de la crise. Les employeurs, d’autant plus les grands actionnaires, doivent agir de façon responsable. Les signataires de la lettre ouverte le rappellent à Monsieur Krishnan : « Fin connaisseur du tissu hôtelier genevois, vous possédez les deux établissements les plus prestigieux de la place : Le Richemond et le Four seasons Hôtel des Bergues. La crise économique déclenchée par l’épidémie de Covid-19 va laisser sur le carreau des centaines d’employé-e-s du secteur du tourisme. Votre responsabilité est importante. Elle marquera l’histoire de Genève et celle de vos hôtels. Tous les acteurs politiques et économiques genevois sont convaincus qu’au-delà de l’obligation légale de conclure un plan social, il existe un devoir éthique de le faire. »