Le 7 mars prochain, la population se prononcera sur l’indemnisation du salaire perdu par les travailleurs-euses précarisé-e-s durant la première vague de la pandémie. Le SIT appelle à un OUI massif.
C’est une question de solidarité et de justice sociale. Et avec un double enjeu. Lors des prochaines votations, il faut non seulement renvoyer le « référendum de la honte » à leurs expéditeurs-trices, mais également donner un signal clair et fort à la majorité politique dominant le Grand Conseil genevois, PLR en tête : face à la pandémie et à ses effets sur les salarié-e-s, la charité ne suffit pas, il faut des droits. C’est donc un OUI massif qu’il faut glisser dans les enveloppes de vote ou dans les urnes, à la loi sur l’indemnisation de la perte de revenus des travailleurs-euses exclu-e-s des autres assurances sociales.
Travailleurs-euses précarisé-e-s
Employées de maison avec ou sans autorisation de séjour, mais toutes subitement privées de salaires, « extras » dans la restauration, jamais plus rappelé-e-s par leurs employeurs, acteurs-trices culturel-le-s privé-e-s de représentation et donc de cachet, travailleurs-euses temporaires, viré-e-s avant que le Conseil fédéral ne décide d’étendre le droit aux RHT à ce statut précaire, ils-elles sont des milliers de travailleuses et travailleurs précarisé-e-s à s’être retrouvé-e-s sans plus aucun revenu durant la première vague de la pandémie.
Faute d’employeurs assumant leurs responsabilités auprès des assurances sociales, de périodes de cotisations suffisantes ou de permis de travail, ou parce qu’arrivé-e-s en fin de droit, ou parce que pas encore suffisamment appauvri-e-s pour bénéficier de l’aide sociale, ces salarié-e-s n’ont eu droit ni aux RHT, ni au chômage, ni aux APG, ni à rien du tout, tous-tes tombé-e-s entre les mailles d’un filet social fabriqué pour moins précaires qu’eux-elles, et constamment détricoté durant des décennies de politiques néolibérales.
OUI à plus de justice sociale
Prétendant hypocritement « lutter contre le travail au noir » ou refuser de « subventionner les employeurs indélicats », c’est à ces travailleurs-euses-là que le MCG et l’UDC se sont lâchement attaqués en saisissant le référendum contre l’indemnité difficilement arrachée en juin par la CGAS et la « Plateforme pour une sortie de crise sans exclusion ». Parce qu’un refus dans les urnes n’aurait aucun effet sur les employeurs qui ne déclarent par leurs employé-e-s aux assurances sociales, ni ne les rendra plus respectueux de leurs obligations contractuelles.
Les salarié-e-s précarisé-e-s seraient en revanche pénalisé-e-s une nouvelle fois, elles-eux dont le statut ou la situation résulte déjà en grande partie de la politique menée par cette droite libérale et xénophobe : précarisation du droit au séjour, dérégulation du marché du travail et démantèlement des assurances sociales au prétexte de « lutte contre les abus » et de prétendu « assainissement ».
Des droits plutôt que la charité
Venir en aide aux travailleurs-euses les plus précarisé-e-s est une question de solidarité élémentaire. Mais face à l’arrogance de la droite libérale et patronale, qui se réfugie derrière la charité aux pauvres pour leur refuser des droits tout en votant des centaines de millions d’aide à fonds perdus aux entreprises, il est d’autant plus essentiel que la population se mobilise massivement en faveur du OUI à cette indemnité. Car face au refus systématique de la droite d’entrer en matière sur les revendications syndicales de protection de l’emploi et du revenu des travailleurs-euses face à la crise, cette votation permettra de faire entendre la voix des salarié-e-s : nous aussi, nous voulons des droits.
Davide De Filippo
Article SITinfo février 2021