Retraites - Sortir de l’impasse du 2e pilier

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LPP21 ne fera qu’aggraver la situation des retraites. Il est urgent de penser une alternative à la faillite du système des 3 piliers.

Après le succès de l’initiative pour une 13e rente AVS, le rejet de LPP21 le 22 septembre prochain est indispensable. Il pourrait ouvrir une véritable réforme d’un système de prévoyance dysfonctionnel et permettre de construire une alternative au deuxième pilier. C’est dans cette perspective que le SIT organise un cycle de 3 soirées de débats et discussions.

L’arnaque du 2e pilier
Contrairement à l’AVS, qui est un système simple, solide et solidaire, même si le montant des rentes^est insuffisant, le deuxième pilier ne fonctionne pas. Les rentes de la prévoyance professionnelle baissent année après année et les inégalités sont de plus en plus criantes. Les assuré-e-s ne cotisent pas sur l’ensemble de leur salaire dans le deuxième pilier, mais seulement sur la partie du revenu qui dépasse le montant de 25 725 frs, dit montant de coordination. Par ailleurs, seules les personnes qui gagnent plus de 22 050 frs par année chez un même employeur sont actuellement assurées. Les travailleuses et les travailleurs qui cumulent plusieurs emplois à temps partiel – souvent des femmes – ne sont ainsi pas du tout couvertes. Ainsi, près d’une femme sur quatre ne touche aucune rente du deuxième pilier qui viendrait compléter l’AVS. La réforme envisagée – conditionnée à une baisse du taux de conversion de 6,8% à 6% – ne répond nullement aux besoins.

Une manne pour les banques et les assurances sociales
La différence fondamentale entre l’AVS et le deuxième pilier est leurs modes de financement. Alors que l’AVS est basée sur un système redistributif, où les actifs-ves et les employeurs, mais aussi partiellement l’État, participent aux recettes redistribuées sous forme de rentes aux personnes retraitées, le deuxième pilier est entièrement basé sur la capitalisation, c’est-à-dire une épargne forcée pendant toute la vie active. Cette épargne génère des montants astronomiques – actuellement plus de 1000 milliards de francs – qui sont soumis aux aléas des marchés financiers et des crises. Ces fortunes représentent un véritable pactole pour les sociétés financières, les banques et les assurances, qui gèrent celles-ci de manière très opaque et complètement incompréhensible pour les non-initiés. Leur administration complexe, qui est en théorie paritaire, échappe ainsi en grande partie aux représentant-e-s des salarié-e-s dans les caisses de pension, car ils et elles ne sont pas suffisamment formé-e-s. Les taux minimaux de rendements de ces capitaux sont réduits à presque rien, alors que les grandes compagnies d’assurance-vie encaissent une partie très importante des revenus, prétendument pour assurer leur capital-risque.

Cycle de trois soirées : deux films et une discussion
Pour mieux faire connaître les enjeux de la votation du 22 septembre prochain sur LPP21, le SIT a organisé un cycle de trois soirées avec la projection de deux films et une discussion-débat. « Quand je serai vieux, je serai pauvre », documentaire de 2017 de Pietro Boschetti et Xavier Nicol, a été projeté le 25 juin. Il montre, au travers de nombreux témoignages, combien les revenus des personnes retraitées sont insuffisants, même en cumulant AVS et deuxième pilier, dès que ces personnes ont eu un parcours de vie moins linéaire, mais également lorsqu’ils-elles travaillé toute leur vie à des salaires trop bas. Projeté le jeudi 22 août prochain, le film « Le Protokoll » (2022) décortique la genèse du 2e pilier et le scandale de 2002, où les principaux assureurs du pays ont soustrait jusqu’à 20 milliards de francs aux assuré-e-s. Le passionnant documentaire des réalisateurs Pietro Boschetti et Claudio Tenetti démontre que la Loi sur la prévoyance professionnelles (LPP) a été conçue par les assurances privées et à leur seul profit. Celles-ci ont pesé de tout le poids de leurs lobbies pour mettre sur pied ce système qui leur permet d’engranger d’énormes profits. Et LPP21 n’y changera rien, bien au contraire. Le cycle se conclura par une soirée discussion-débat le mardi 3 septembre à l’UOG sur la faisabilité d’un modèle de prévoyance alternatif au système des trois piliers. Car au moment où la droite et le patronat nous présenteront LPP21 comme inéluctable, il est urgent de répondre qu’un autre système de prévoyance, social et solidaire, est possible. Pour sortir de l’impasse.

Pour plus d’infos sur ces trois rendez-vous, cliquez ici.

Article de Clément Dubois, SITinfo juillet 2024, N°5