Communiqué de la Plateforme pour la justice fiscale du 29 octobre 2024
« Renforcer le pouvoir d’achat et les recettes fiscales » : c’est un énoncé particulièrement trompeur que la majorité de droite du Conseil d’État a choisi pour convaincre l’électorat de voter sa réforme fiscale le 24 novembre. Ce projet prévoit tout l’inverse. Au lieu d’une hausse des recettes fiscales, c’est une véritable saignée dans les prestations publiques qui est mise à l’agenda. Pour exemple, déjà maintenant, sans baisse d’impôt, les secrétariats de certaines écoles vont diminuer leurs horaires d’ouvertures aux élèves et au parents, et les patrouilles de police ne sont plus en suffisance en permanence. Le parascolaire augmente ses tarifs et devient payant pour les plus précaires, et le pool de personnes remplaçantes est insuffisant pour l’aide à domicile (IMAD). Qu’en sera-t-il avec moins d’argent pour les prestations ? Le Conseil d’Etat, irresponsable, annonce lui-même des déficits dès 2026. Quant au pouvoir d’achat, il s’améliore par des hausses de salaire, des baisses de primes-maladie ou de loyers ou la fourniture de prestations publiques accessibles voire gratuites.
L’impôt sert à financer des prestations publiques qui bénéficient à toute la population. C’est également un outil de redistribution, car c’est un impôt progressif. Avec ce projet de loi trompeur, les personnes qui ont des bas revenus ne gagneront rien du tout, les moyens revenus vont économiser un peu, et les personnes qui ont des gros revenus vont économiser beaucoup. Les 2,5 % les plus riches ramassent un tiers de la baisse fiscale. Le renforcement du pouvoir d’achat est également loin d’être d’actualité, à moins d’appartenir à une minorité très aisée. Pour les personnes qui ne paient pas d’impôts (presque 40%), elles ont tout à perdre avec ce projet.
Les seules personnes qui ont directement avantage à voter oui, ce sont les plus riches. Plus de la moitié de cette baisse d’impôt ira directement dans les poches de celles et ceux qui gagnent plus de 15’000 francs par mois. Et qui dit diminution d’impôt dit diminution des ressources de l’État. La perte pour les finances publiques serait d’à peu près 326 millions de francs pour le canton et 108 millions pour les communes. 326 millions, cela représente le salaire de 2390 infirmiers-ères du canton, ou encore des subsides d’assurance-maladie pour 150’000 personnes.
Loin de se limiter à un enjeu cantonal, cette révision est une attaque frontale contre les communes. En cas de oui le 24 novembre, celles-ci seraient privées de 108 millions de recettes fiscales. Cela représente 3’400 places en crèche ! Ce ne sont pas les communes prospères de la rive droite qui en souffriraient, mais bel et bien celles qui mettent en place un véritable filet social pour leur population et pour lesquelles chaque centime compte. Conséquence certaine : certaines communes augmenteront leurs impôts, y compris pour les entreprises. Ce qui sera gagné par les plus riches contribuables au plan cantonal sera perdu par toutes et tous sur le plan communal, en particulier par les PME tant vantées par les discours de la droite.
La Plateforme pour la justice fiscale, représentant un large spectre de partis, syndicats et associations à Genève, s’oppose résolument à cette fragilisation des recettes publiques au profit des plus riches contribuables.