Les patrons veulent démolir la convention des maçons : plus d’heures, moins de salaires et droits supprimés. Les travailleurs se mobilisent pour refuser l’inacceptable.
Les travailleurs-euses de la construction ne s’y étaient pas trompés : la SSE cherche à démanteler la Convention nationale (CN) et à imposer des journées interminables pour moins de salaire. Pour barrer la route aux projets destructeurs de la Société suisse des entrepreneurs (SSE), une seule réponse : la grève.
Tout au long du mois de septembre, SIT et UNIA ont mené une large concertation sur les chantiers afin de décider des mesures d’action à entreprendre. Les bulletins de vote ont été dépouillés lors d’une assemblée générale qui s’est déroulée le 26 septembre dernier. Le résultat est sans appel : 94 % des travailleurs qui se sont exprimés ont voté la grève, les 3 et 4 novembre 2025. A travers ce moment démocratique exemplaire, les maçons ont démontré une détermination sans faille à combattre les attaques patronales sans précédent à l’encontre de leurs conditions de travail.
Pendant la dernière ligne droite avant la grève, plusieurs entreprises de la construction ont transmis à leurs employés un courrier d’intimidation au sujet des journées de mobilisation des 3 et 4 novembre prochains. Tous s’inspirent d’un courrier élaboré par la société suisse des entrepreneurs (SSE) – section Genève – dans le but évident de décrédibiliser le mouvement de lutte légitime des maçons.
Inexactitudes dans les faits, mépris du personnel présenté comme « privilégié », atteintes à la liberté syndicale, menaces à peine voilée de licenciement… Ce procédé est inacceptable et nous devons le déconstruire en apportant quelques précisions.
Dès mars, les maçons ont lancé la mobilisation, redoutant de violentes attaques. Le 7 juillet, lors de la première séance de négociations, leurs craintes se sont confirmées. Alors que la SSE reconnait elle-même qu’il est de plus en plus difficile de trouver du personnel capable d’assumer le travail sur les chantiers dont la pénibilité n’est plus à démontrer, ses négociateurs n’ont rien trouvé de plus indigne et méprisant que de lancer une véritable campagne de destruction massive des acquis sociaux prévalant encore dans la branche.
Les patrons veulent en finir avec le calendrier des horaires, ce qui ouvrirait la porte au travail sur appel et rendrait toute vie familiale et sociale impossible. Ils exigent aussi la suppression de la durée maximale de travail, introduisant des semaines de 50 heures sans aucun supplément. Ils veulent imposer un quota de 250 heures supplémentaires et un quota de 150 heures négatives. En deux mots : la flexibilité à outrance.
Côté salaires, ils veulent rayer de la carte les suppléments pour le travail du samedi, visent la disparition pure et simple du salaire minimum pour le personnel qualifié, et refusent les augmentations générales, même en cas de renchérissement, et prétendent les remplacer par des hausses « au mérite ». Enfin, ils souhaitent réduire les indemnités maladie à 80 % avec possibilité de licencier plus rapidement.
Bref, le message des patrons aux maçons est limpide : c’est marche ou crève !
Face à ces attaques, les syndicats SIT et UNIA défendent une vision radicalement opposée : rendre la branche attractive par de vraies améliorations. Les travailleurs exigent d’abord des journées plus courtes, pour ménager la santé et permettre une meilleure conciliation entre vie professionnelle et familiale. Ils demandent aussi une indemnité pour la pause du matin, qui est déjà une norme dans d’autres métiers.
Ils exigent l’arrêt immédiat du temps de déplacement non payé. Ils réclament la suppression des pénalités salariales imposées aux jeunes à la sortie de leur apprentissage, alors même que les patrons se plaignent de pénurie de main- d’œuvre. Ils exigent une réglementation stricte pour mettre fin à la sous-traitance abusive et aux faillites frauduleuses qui gangrènent toujours le secteur. Ils demandent aussi l’instauration de critères contraignants pour encadrer le travail du samedi. Enfin, ils revendiquent la compensation du renchérissement et une augmentation de salaire digne de ce nom pour toutes et tous.
Ces derniers jours, plusieurs entreprises ont transmis à leurs employés un courrier d’intimidations au sujet des journées de mobilisation des 3 et 4 novembre prochains.