De quand date le SIT ?
Le SIT n’a pas été créé en 1985. C’est seulement la date de son changement de nom, et il existait depuis bien avant.
A Genève, les premiers syndicats chrétiens qui revendiquaient ouvertement le nom de syndicat ont été créés en juillet 1921 : d’abord celui des employés de banque et de bureaux. Mais préexistaient depuis 1918 des sections ouvrières des employées de commerce et des couturières, membres de l’Union des travailleuses catholiques.
C’est en 1923 que ces syndicats, et d’autres nouvellement créés se regroupent dans la Fédération genevoise des syndicats chrétiens. L’interprofessionnelle date donc de 1923, mais la date de création de 1921 a toujours été retenue pour célébrer les anniversaires, car la création des premiers syndicats était à l’évidence, pour les fondateurs-trices, un premier pas vers cette interprofessionnelle.
Le(s) changement(s) de nom
D’abord Fédération genevoise des syndicats chrétiens, l’interprofessionnelle s’adjoint l’étiquette corporatiste jusqu’en 1947, où elle devient la Fédération des syndicats chrétiens de Genève.
En 1985, après de longs débats, la Fédération des syndicats chrétiens de Genève décide une nouvelle fois de changer de nom. C’est la troisième fois. Mais celle-ci sera la plus radicale puisqu’il s’agit d’enlever la référence chrétienne du nom du syndicat, comme l’avait fait en France la CFDT en 1964. La FSCG devient donc le SIT.
Mais il ne s’agit pas de la création d’un nouveau syndicat. D’ailleurs, le congrès qui change le nom en SIT en 1985 reste le 3e congrès, et celui de 1987 sera le 4e.
D’ailleurs, on voit bien qu’on n’assiste pas alors à la création d’un nouveau syndicat :
les membres n’ont pas dû adhérer à nouveau : ils ont été informés du changement de nom ; les cotisations ont continué à courir comme auparavant ;
le personnel n’a pas eu de changement de contrat de travail ;
les avoirs du SIT (fortune, immeubles ...) ont été gardés et ont seulement fait l’objet d’un changement de dénomination.
Ainsi, la transformation de la FSCG en SIT n’a pas été un début, mais l’aboutissement d’une action de rénovation et d’une réflexion, permettant un nouvel élan dans la construction du mouvement syndical à Genève.
Y a-t-il eu scission ?
Nombre de gens sont persuadés que le changement de nom du SIT a conduit à des scissions. Il n’en est rien, mais il est vrai qu’il y a eu des divisions ... à d’autres occasions.
Notons d’abord qu’il y a toujours eu au sein de l’interprofessionnelle des syndicats de branches ou de professions qui se sont senti des velléités indépendantistes, et cela tant durant les années 1930 que 1940, ou des départs de syndicats individuels ont eu lieu, sans conséquence notable à long terme pour l’interprofessionnelle …
En 1946, la FSCG décide de s’affilier à la Confédération des syndicats chrétiens (CSC). Par conséquent, ses membres devenaient, pour la plupart affiliés aux centrales professionnelles de la CSC.
En 1979, pour des raisons de ligne syndicale (en gros, le "gauchissement" de la FSCG), la centrale suisse du bâtiment (FCTC) décidait de retirer la gestion de ses membres à l’interprofessionnelle genevoise. Environ 800 membres quittaient l’interprofessionnelle (sur un total de 4500). Mais celle-ci gardait des syndicats de la construction, qui allaient s’étoffer en quelques années, passant de 150 membres à rapidement plus d’un millier … preuve que la ligne était la bonne ! Il n’y a donc pas une scission de l’interprofessionnelle.
Lors du changement de nom lui-même, moins d’une dizaine de personnes (sur 5100) démissionnaient du syndicat en raison de ce changement.
En 1989, soit bien après le changement de nom et pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec celui-ci, la centrale chrétienne de la métallurgie (FCOM) décidait de retirer la gestion de ses membres au SIT. Environ 200 membres sur les 400 de l’époque dans ce secteur quittaient le SIT.
Aux centrales professionnelles, le SIT (qui développait ses effectifs par milliers) restait affilié à la CSC, avec la particularité que le SIT ne comptait plus alors aucun membre qui soit affilié à une des fédérations professionnelles de la CSC. Il payait donc une cotisation collective très symbolique (moins de 1000 francs !). Relevons que la CSC avait refusé l’affiliation de la CRT (Confédération romande du travail) à laquelle le SIT affiliait ses membres du tertiaire privé et public. Le 24 avril 1993, sans avoir jamais eu de discussion avec le SIT, la CSC l’exclut pour des raisons tant idéologiques (la ligne représentée par le SIT étant très minoritaire au sein de la CSC) qu’organisationnelles (concurrence entre deux affiliés CSC à Genève). Le SIT décide de ne pas faire recours contre cette décision … par crainte de gagner ce recours ! Tant plus rien ne le reliait à la conception majoritaire de l’action syndicale dans la CSC.