Retraites des services publics : Une victoire d’étape

Le SIT accueille avec soulagement le résultat de la votation du 3 mars concernant la Caisse de prévoyance de l’État de Genève. C’est une victoire contre celles et ceux qui souhaitaient un démantèlement complet et radical des retraites du service public, mais également une victoire qui appelle à poursuivre la lutte pour la défense du service public et des retraites.

Par 75% des votant-e-s, le peuple a accepté la fusion des caisses de pension publiques genevoises CIA et CEH. Par ce vote, la population genevoise a accordé son soutien à une loi qui, malgré les contraintes fédérales, préserve l’essentiel du système de retraites des services publics, soit le principe de primauté de prestation, la répartition des cotisations 2/3 employeur – 1/3 employé-e, la possibilité d’une retraite anticipée pour tou-te-s, notamment pour les travailleurs-euses exerçant les métiers les plus pénibles, un système de prévoyance plus solidaire et plus égalitaire à l’égard des femmes, le principe d’une retraite décente pour tou-te-s.

Echec du populisme

Le SIT se félicite que la population ne se soit pas laissée tromper ni par les discours anti-fonctionnaires, ni par les promesses aventuristes des référendaires.

En effet, nombreuses ont été les voix qui se sont élevées durant la campagne pour dénoncer le caractère prétendument trop coûteux de la loi et pour critiquer les prétendus « privilèges » des fonctionnaires, en appelant donc à voter non au profit d’un nivellement par le bas de leurs retraites. Il ne fait aucun doute que parmi les 25% de votant-e-s ayant refusé la loi, se trouvent le vote de Messieurs Kunz, Aellen et Dupraz, ainsi que de celles et ceux qui les ont suivi, qu’ils-elles soient issu-e-s des milieux aisés ou populaires. Le OUI massif du 3 mars constitue donc un frein important aux intentions antisociales promues par la droite de l’échiquier politique durant la campagne. La majorité des salarié-e-s, et parmi ceux-celles-ci, les premiers-ères concerné-e-s, n’ont pas cru non plus aux sirènes des référendaires qui croyaient aveuglément qu’un résultat négatif aurait contraint la majorité parlementaire à renégocier une fusion plus favorable. Toutefois, il est également indéniable qu’une partie de la population, et probablement parmi elle également des fonctionnaires, a exprimé son ras-le-bol légitime des dégradations constantes des conditions de travail et/ou son rejet du système de prévoyance professionnelle tel que nous le connaissons en Suisse.

Poursuivre la lutte

Il s’agit donc de poursuivre la lutte contre l’austérité budgétaire, cette politique qui porte atteinte aux conditions de travail des services publics et aux prestations à la population. Alors que le débat budgétaire fait rage à Genève, sous la menaces de coupes autant massives qu’aveugles dans les services et dans le subventionnement du monde associatif ; que le plan financier quadriennal du Conseil d’État ne promet rien de mieux pour les prochaines années, il est plus que jamais nécessaire de se mobiliser pour que les services publics puissent offrir une vraie réponse à la crise et à la précarité qui touche de plus en plus de travailleurs-euses. Cette réponse passe par l’octroi de moyens supplémentaires aux services et institutions qui en ont besoin. Elle passe par la création d’emplois dans les services publics pour répondre aux nouveaux besoins de la population. Elle passe par la contribution fiscale plus importante des possédant-e-s à cet effort pour le bien public. Pour revenir à la question des retraites, il s’agit aussi de poursuivre la lutte syndicale pour obtenir les garanties nécessaires à l’application du nouveau plan de prévoyance, notamment en s’opposant par tous les moyens au projet de l’Entente de supprimer le Plan d’encouragement au départ (PLEND), ou encore en veillant à l’établissement de la liste des métiers les plus pénibles. Dans ces batailles, nous pouvons également nous appuyer sur le OUI massif du 3 mars : 75% de la population accepte les principes de la retraite anticipée et de la reconnaissance de la pénibilité physique du travail. Les autorités politiques doivent en prendre acte.

Enfin, sur le plan fédéral, le SIT poursuivra son combat pour améliorer le système de retraite par un renforcement de l’AVS, pour un système plus durable, plus solidaire et à même de garantir à tous-tes les travailleurs-euses une retraite digne.

Davide de Filippo Extrait de SITinfo N° 2 de mars 2013

Voir aussi le communiqué de presse du SIT du 3 mars 2013